Les espaces partagés s’imposent progressivement comme une solution innovante et attrayante pour de nombreux citadins, en quête d’un habitat plus collaboratif et convivial. Cette nouvelle tendance résidentielle bouleverse les codes de l’immobilier traditionnel et offre de nouvelles opportunités aux promoteurs, investisseurs et résidents. Décryptage.
Les espaces partagés, un concept innovant au service du vivre-ensemble
Les espaces partagés, également appelés coliving, désignent des logements conçus pour favoriser les interactions entre les habitants grâce à des espaces communs et des services mutualisés. Ces résidences sont généralement composées d’appartements ou de chambres individuelles avec salle de bain privative, ainsi que d’espaces communs tels que cuisine, salon, terrasse ou jardin.
Ce concept séduit particulièrement les jeunes actifs et étudiants, qui y voient une alternative plus abordable et conviviale à la location classique. En effet, le coliving permet de partager les coûts liés au logement (loyer, charges, entretien) tout en bénéficiant d’équipements et de services de qualité (salle de sport, conciergerie, coworking…).
« Le coliving répond aux nouveaux modes de vie urbains et aux attentes des générations Y et Z en matière de flexibilité, de mobilité et de sociabilité », estime Stéphanie Perrin, présidente de la filiale résidentielle du groupe immobilier Nexity.
Un marché en pleine croissance, porté par des acteurs innovants
Les espaces partagés connaissent un essor fulgurant dans le monde, notamment en Europe et en Amérique du Nord. Selon une étude réalisée par le cabinet d’analyse JLL, le nombre d’espaces de coliving a augmenté de 212% entre 2014 et 2019. Cette croissance est notamment soutenue par des acteurs innovants tels que WeLive (filiale du géant WeWork), The Collective ou encore Colonies.
Ces entreprises misent sur un modèle économique qui séduit les investisseurs : en proposant des logements meublés et équipés, avec des baux flexibles et une offre de services intégrée, elles créent de la valeur ajoutée pour leurs clients tout en optimisant la rentabilité de leurs actifs. Le coliving représente ainsi une opportunité d’investissement intéressante pour les promoteurs immobiliers, les fonds d’investissement et les institutionnels.
« Le coliving est un marché prometteur, qui bénéficie d’une demande croissante et d’un contexte favorable, avec l’urbanisation galopante et la pénurie de logements abordables dans les grandes villes », souligne Laurent Viguier, directeur général du groupe immobilier Icade.
Des défis à relever pour pérenniser cette nouvelle tendance résidentielle
Malgré son potentiel, le coliving doit encore faire face à plusieurs défis pour s’imposer durablement sur le marché résidentiel. L’un des principaux enjeux concerne la régulation et la législation : les acteurs du coliving doivent se conformer aux normes en vigueur en matière de sécurité, d’hygiène et d’accessibilité, tout en adaptant leur offre aux spécificités locales.
Par ailleurs, l’acceptabilité sociale de cette nouvelle forme d’habitat reste à consolider. Si la convivialité et l’entraide sont au cœur du concept, certains résidents peuvent être réticents à partager leur quotidien avec des inconnus ou à renoncer à une partie de leur intimité. Il est donc essentiel de proposer des espaces bien conçus et modulables, qui répondent aux besoins de chacun en termes de confort, d’autonomie et de confidentialité.
Enfin, le coliving doit également faire ses preuves en matière d’impact environnemental et social. La mutualisation des espaces et des équipements peut contribuer à réduire l’empreinte écologique des logements (moins de consommation d’énergie, de déchets…), mais cela suppose une gestion responsable et une sensibilisation des habitants aux enjeux du développement durable.
Le coliving, un modèle résilient face aux crises
La crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 a mis en lumière certaines limites du modèle résidentiel traditionnel, notamment l’isolement et la précarité vécus par de nombreux locataires durant les confinements. Dans ce contexte, le coliving apparaît comme une solution résiliente et adaptée aux défis du 21e siècle.
En effet, les espaces partagés offrent un cadre plus propice au télétravail, à la solidarité et à l’entraide entre voisins. De plus, les services proposés par les opérateurs de coliving (conciergerie, soutien psychologique, animations virtuelles…) ont contribué à renforcer le lien social et le bien-être des résidents durant cette période difficile.
« Le coliving a démontré sa capacité à répondre aux besoins de ses occupants en temps de crise. Cela renforce notre conviction que ce modèle d’habitat a un bel avenir devant lui », conclut Guillaume Trémolières, fondateur de la société française Co-Living.
Ainsi, les espaces partagés s’affirment comme une nouvelle tendance résidentielle à fort potentiel, qui bouleverse les codes de l’immobilier traditionnel tout en répondant aux attentes des citadins en matière de flexibilité, de convivialité et de durabilité. Si des défis restent à relever pour pérenniser ce modèle, il est désormais clair que le coliving a su trouver sa place sur le marché immobilier et pourrait bien s’imposer comme une solution d’avenir face aux enjeux du 21e siècle.